Troubles fonctionnels

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Qu’est-ce qu’un trouble fonctionnel

C’est un problème de santé qui peut être sévère et à l’origine d’un handicap réel. Ce problème ne touche pas le corps mais son fonctionnement. Tout est sain, c’est ce qu’affirment les examens médicaux. Il ne s’agit pas de pathologies inconnues ou pour lesquelles l’on n’a pas encore réussit à faire le diagnostic. Le médecin peut affirmer qu’il s’agit d’un trouble de la fonction et pas d’une lésion d’organe.

De manière générale, les troubles fonctionnels associent les caractéristiques suivantes :

  • Les examens médicaux sont normaux ou n’expliquent pas le trouble.
  • La clinique est incompatible avec l’anatomie ou la physiologie.
  • Ils sont involontaires (ils se déclenchent sans que vous le vouliez).
  • Ils sont automatiques (ils se déroulent sans que vous puissiez les contrôler ou les stopper).
  • Ils sont inconscients (vous constatez leur présence, mais ce n’est pas “vous” qui agissez).
  • Ils sont suggestibles (ils se modifient en fonction de vos représentations)
  • Ils sont augmentés par l’attention que vous leur portez
  • Ils ne sont pas la manifestation d’une émotion (ils surviennent sans émotion).
  • Il n’y a pas de symptôme de maladie mentale : pas de trouble de personnalité grave, pas de désorganisation psychotique, pas de trouble de l’humeur.

Les troubles fonctionnels peuvent toucher toutes les fonctions de l’individu. Un point important, caractéristiques de ces troubles est que les fonctions touchées sont intactes. Vous ne pouvez plus les utiliser ou elles ne fonctionnent plus comme elle le devraient mais elles ne sont pas détruites ou altérées comme dans les démences ou la schizophrénie, par exemple.

 

 Quels sont les troubles fonctionnels neurologiques et psychiques (liste non exhaustive)

Dans le cas d’un trouble fonctionnel neurologique, les problèmes sont moteurs ou sensitifs :

  • les crises non épileptiques (chute et tremblements de tout le corps)
  • les crises cataleptiques (paralysie de tout le corps, sans perte de conscience)
  • les mouvements anormaux psychogènes (certains troubles de la marche, certains tremblements, certaines dystonies)
  • les paralysies, les parésies psychogènes (perte de force), certaines aphonies ou mutismes
  • certaines pertes ou anomalies sensorielles (vision en tunnel, certaines anesthésies)

Dans le cas d’un trouble fonctionnel psychique, les problèmes sont neuro-psychologiques :

  • les états crépusculaires, les états de fugue et les amnésies psychogènes
  • les personnalités alternantes ou coexistantes
  • les hallucinations auditives sans désorganisation psychotique
  • la déréalisation et la dépersonnalisation
  • les états de transe spontanées, de rêves éveillés.

Il est courant qu’un même patient présente plusieurs troubles fonctionnels.

 

 Qu’est ce qui cause les troubles fonctionnels neurologiques ou psychiques

Dans l’état actuel des connaissances, on sait que le problème ne se situe pas au niveau anatomique et les caractéristiques des troubles fonctionnels désignent plutôt les fonctions supérieures. Il semble que cela soit une perturbation de la conscience de soi dont l’origine n’est pas encore comprise.

Si on parle de conscience, il faut distinguer :

  1. La conscience phénoménale : c’est l’ensemble des informations sur le monde apporté par nos sens, associé et synchronisé avec nos ressentis corporels et physiologiques.
  2. La conscience de soi : c’est la capacité de se représenter ses propres états comme étant les siens.

Tous les animaux ont une conscience phénoménale, mais, beaucoup plus rares sont les espèces animales ayant une conscience de soi. Par exemple, très peu d’animaux sont capables de se reconnaitre dans un miroir. Seuls quelques espèces de cétacés, les grands singes, les éléphants, quelques espèces d’oiseaux, les raies mantas en sont capables. Nous-mêmes n’y arrivons pas avant l’âge de 18 mois.

 

Un trouble de la conscience de soi

Quand on parle de la conscience de soi, on fait référence à un ensemble de caractéristiques :
Le sentiment d’agentivité, le sentiment de propriété et le sentiment de continuité

  • le sentiment de propriété du corps (“ceci est mon bras”),
  • le sentiment de propriété des pensées (“ceci est ma pensée”)
  • le sentiment de propriété des sensations (“ceci est ma sensation, ici et maintenant”)
  • le sentiment de propriété des émotions (“ceci est ma peur”)
  • le sentiment de propriété de l’expérience phénoménale (“ceci est mon expérience”)
  • le sentiment d’agentivité (“ceci est mon action”),
  • Un sentiment de continuité (“ces souvenirs retracent mon expérience”)

On peut résumer le sentiment d’agentivité à “JE” et le sentiment de propriété à “MOI”, à ce qui est “MIEN”. Mais, si ce sont deux éléments différents, ils ne sont pas indépendants.

Vraisemblablement, les troubles fonctionnels neurologique ou psychiques sont dûs à une perturbation de la conscience de soi.

  • Soit je perçois comme mien, un état qui ne m’appartient pas : c’est une erreur de reconnaissance.
  • Soit je perçois comme étranger, un état qui m’appartient : c’est une erreur de méconnaissance.
  • Soit je ne peut pas accéder à un état pourtant présent au niveau phénoménal.
Conscience de soi  Erreur de reconnaissance Erreur de méconnaissance Non-conscience
C’est mon corps rubber hand illusion, body transfer illusion hémi-négligence, somatoparaphrénie,
asomatognosie, misoplegie
anesthésie ou paralysie fonctionnelle (un membre entier, un hemicorps)
Ce sont mes pensées Suggestions hypnotiques pseudo-hallucinations auditives (non reconnaissance du langage interne), pensées imposées pensées volées, états crépusculaires
Ce sont mes sensations Sentir un membre fantôme dépersonnalisation anesthésie d’un sens (anosmie, agueusie, vision en tunnel), anesthésie
hypnotique
C’est mon émotion émotions dues à une intoxication, une ivresse somatisations (émotion non reconnue) alexithymie (émotion non perçue)
C’est mon expérience de la réalité état onirique, somnambulisme hypnotique, hallucinations déréalisation idées délirantes, logique de transe,
anosognosie, belle indifférence
C’est moi l’agent à l’origine de l’action suggestions post-hypnotiques mouvements ideo-moteurs, mouvements anormaux psychogènes, CNEP, personnalité coexistante, alien
hand syndrom
catalepsie
C’est mon expérience passée “reviviscence” hypnotique, faux souvenirs personnalité alternante amnésie dissociative, fugue dissociative

 

Il existe de multiples théories tentant d’expliquer ces perturbations de la conscience de soi. Mais, à ce jour, aucune ne les explique complètement ou de manière satisfaisante.

 

Traitements

Les seuls traitements sont psychothérapeutiques. Il n’existe pas de traitement médicamenteux.

L’hypnose est capable de créer des symptômes transitoires tout à fait identiques à ces troubles, y compris au niveau du fonctionnement du cerveau observé avec les moyens les plus modernes. Historiquement, c’est à dire depuis le 18° siècle, c’est l’hypnose somnambulique seule ou associée parfois avec des techniques de mobilisation physique comme la kinésithérapie pour les troubles fonctionnels essentiellement moteurs qui a été utilisée avec succès.

Et c’est l’extinction comportementale des symptômes pathologiques associée au renforcement des comportements sains qui a toujours permis de guérir les personnes infectées lors des épidémies de troubles psychogènes.

En fait, cela fait plusieurs siècles que l’on utilise les mêmes techniques qui s’appellent actuellement : hypnose, thérapie comportementale et kinésithérapie pour créer des expériences correctrices permettant à la conscience de soi de se rétablir.